Divers

Faut il payer sa consultation annulée chez le psy?

L’argent entre le psy et le patient toute une histoire !

D’abord, faut-il parler du patient ou du client ?  De mon point de vue, le patient est malade et va voir un soignant, le client engage volontairement de l’argent pour recevoir ce qu’il vient chercher…

De mon côté, je parle de consultant : la personne vient consulter mes compétences qui correspondent à ses besoins.

Personnellement, j’ai eu un syndrome de fibromyalgie pendant 15 ans, ce ne sont pas les soignants remboursés par la sécurité sociale qui m’ont tirée d’affaire, mais bien l’investissement personnel que j’ai engagé sur plusieurs années pour aller chercher ma guérison.

Mon investissement a  d’abord été financier mais aussi investissement de temps personnel, de volonté, de persévérance et de foi intérieure en moi et au processus : Je faisais plusieurs thérapies en même temps, des ateliers de groupe en semaine le soir, des séminaires les we ou pendant les vacances, j’ai repris plusieurs formations etc… Dans cette période où j’étais en arrêt maladie, mon salaire était amputé de 50%. Et dans cette période-là, j’ai engagé plus de 70% de mon salaire restant dans la thérapie. Je suis persuadée que cela a fait partie de ma guérison : je me suis totalement investie, je voulais comprendre et guérir. A la hauteur de mon engagement,  je voulais un retour sur investissement. C’est au moment où je me suis sortie de mon statut de patiente pour aller vers celui de cliente, que j’ai compris que c’était moi qui reprenais le pouvoir sur ma vie… Je n’étais plus victime d’une maladie incurable, mais j’investissais tout ce que je pouvais dans ma vie pour trouver mon chemin d’épanouissement et je pariais sur le retour sur investissement. J’avais juste besoin d’être aidée pour rencontrer et aider mon inconscient et pour cela j’avais besoin de payer des personnes pour m’aider. Seule je ne le pouvais pas…

L’argent et le psy :


-L’argent entre le psy et le patient, c’est d’abord la rémunération du psy.
Pour faire concret, si vous alliez au travail et que votre patron n’aurait rien à vous donner à faire, vous vous seriez déplacé pour rien, mais vous seriez payé quand même. Et bien le psy en libéral, il est votre salarié. Il a bloqué son temps pour vous. Certes, vous ne venez pas, mais vous devez le payer sinon il ne touche aucun salaire. 

Mais l’argent au psy, c’est aussi :


– l’échange de compétences en confiance entre deux adultes responsables.
C’est un échange et un contrat de confiance entre deux personnes adultes et responsables. Moi consultant, je te donne de l’argent et je m’engage dans un contrat avec toi et avec moi-même, toi psy, ça t’oblige à me donner (du temps, de l’écoute, des réponses, des techniques…) et à t’engager sur ta compétence et ton respect envers moi et mes objectifs. Et chacun s’engage. Sinon pas d’avancée thérapeutique, juste des schémas d’abandons, de manipulations, de fuites ou de conflits qui se répètent.

– le fait que leconsultant n’est redevable de rien au psy: une balance équilibrée mature et saine dans la relation thérapeutique entre deux êtres humains sur un même pied d’égalité.


– l’implication du psy qui s’oblige à se focaliser sur son consultant: il paye, je lui dois ma compétence…


– l’implication du consultant qui en veut pour son argent: je paye, donc je dépasse ce qui me freine, et j’évolue… Je vais le chercher: c’est un investissement de temps et d’argent.

– l’engagement du consultant 2 jours à l’avance, avec soi-même, et avec l’autre (ici son psy): Envers et contre tout, je me choisis, et je respecte mon engagement, sinon, ce n’est pas à l’autre d’en subir les conséquences: je me responsabilise. …

Sans compter le symbolisme de l’argent, qui a largement sa place dans les transferts relationnels et l’analyse. On utilise cet aspect en séance.

Le coût de la consultation, la rémunération et l’engagement pris pour la séance 48h à l’avance, font partis d’un procédé thérapeutique incontournable. Cela fait partie de ce qu’on appelle dans notre jargon de thérapeute: le « cadre thérapeutique ». Tout thérapeute diplômé, certifié et supervisé (engagé dans un travail professionnel) utilise le cadre thérapeutique.

S’il y a passage à l’acte sur le cadre thérapeutique, il n’y a plus de contrat de confiance et donc plus de thérapie possible. La relation devient toxique et les jeux de rôles relationnels (persécuteur, victime, sauveteur), gagnant. Cela nécessite d’en parler pour en prendre conscience et de les utiliser pour en dépasser la répétition des schémas, ou alors, si la communication n’est pas possible, cela impulse automatiquement l’arrêt de la thérapie.

Le cadre thérapeutique est le seul garant de la relation saine, et il en est aussi le curseurSi le cadre n’est plus tenu d’un côté comme de l’autre, les voyants rouges s’allument. La relation n’est plus saine.

 Le cadre thérapeutique est signé en début de thérapie, chacun s’engage librement après un temps de réflexion, en accord avec soi-même et pour le temps de la thérapie.

Claire-Lise LAÜGT     

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.